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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


La communauté xhosa exige l'interdiction du film Inxeba: The Wound (Les Initiés) en Afrique du Sud

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 17 Décembre 2017, 10:34am

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #Afrique du Sud, #Xhosa, #The Wound

Mis à jour le 17 février 2018.

 

Bien que retenu dans la première sélection des neuf films qui se disputeront le 4 mars 2018 l’Oscar du Meilleur film étranger, le film sud-africain Inxeba: The Wound (Les Initiés, John Trengove, 2017), qui raconte une histoire d’amour homosexuelle sur fond de rite initiatique traditionnel, a déclenché un vif vent de polémique dans son pays d'origine, notamment parmi les membres de la communauté xhosa au sein de laquelle l’action se déroule.

 

« C’est un film audacieux et courageux. […] Cette histoire se devait d’être racontée. Les personnages xhosas décrits dans le film existent, ce sont des gens que je connais », estime l’acteur sud-africain Niza Jay âgé de 22 ans, lui-même Xhosa. Le jeune homme y interprète Kwanda, un homosexuel branché de Johannesburg que son père envoie dans les montagnes de la province du Cap-Oriental pour participer à un rituel d’entrée dans l’âge adulte : l’ulwaluko. Sur place, il rencontre un initiateur sensible, réservé et homosexuel refoulé, chargé de l’accompagner pendant ce rituel sacré et secret. L’intrigue prend alors un tour dramatique lorsque Kwanda découvre l’idylle qui lie Xolani à un autre initiateur, un père de famille prétentieux, alcoolique et violent.

 

Les représentants de la communauté xhosa qui contestent la sortie du film en Afrique du Sud, assurent ne pas critiquer l’homosexualité des personnages, mais ils jugent inacceptable d’évoquer le rite de l'ulwaluko que les non-initiés ne sont pas censés connaître. « Le rituel ne doit pas être vu à l’écran, c’est un secret. Si nos enfants voient ça, ils ne voudront pas aller en montagne, alors qu’il s’agit de nos traditions. Et les femmes qui élèvent leurs fils seules pourraient avoir peur de les y envoyer », explique Nkosazana Bam, du Conseil des chefs traditionnels sud-africains, et d'ajouter : « Ce film doit être interdit, ils ne comprennent pas l’importance du rituel. »

 

Pour faire pression sur les autorités, Kamvalethu Spelman, un étudiant de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, a lancé le mouvement The Wound must fall, littéralement Il faut faire tomber le film Inxeba: The Wound : « Ils assassinent notre culture. […] « Même si on est Noirs, même si on est pauvres, on a le droit au respect. […] Ils nous font passer pour des homophobes pour nous décrédibiliser alors qu’ils veulent juste se faire de l’argent en exploitant notre culture. »

 

Le fait que le réalisateur soit blanc est un motif supplémentaire de crispation dans un pays toujours miné par les tensions raciales héritées de l’apartheid. Présenté aux festivals de Sundance (États-Unis) et de Berlin (Allemagne), le film a déjà été primé quatorze fois, notamment au London Film Festival (Royaume-Uni) et au Festival de Carthage (Tunisie). Exploité en France en avril 2017, The Wound est sorti en salles en Afrique du Sud le 2 février 2018 interdit aux moins de 16 ans (16LS), en dépit des nombreuses tentatives pour le faire interdire, provoquant cependant une vague de contestation. Plusieurs cinémas, à Port Elizabeth, au Cap, ou encore à Johannesburg, ont dû annuler la projection pour des raisons de sécurité, et les appels aux boycotts se sont multipliés. Certains membres de l'équipe du film ont même dit avoir reçu des menaces de mort. Le mariage homosexuel a beau être légal en Afrique du Sud, les débats autour de la communauté LGBT restent tendus.

En appel, le 17 février 2018, le Film and Publication Board (FPB) a finalement décidé d'interdire Inxeba: The Wound aux moins de 18 ans (X18) en raison des scènes de sexe, du langage, de la violence et des préjugés véhiculés par le film. Une position dénoncée par le producteur et le distributeur du long métrage de John Trengove désormais condamné à être projeté dans un réseau de salles réservées aux adultes. Dale McKinley, le président de l'association Right2Know, y décèle un acte homophobe qui porte atteinte aux libertés : « [cette décision] est fondamentalement contraire à la liberté d'expression et aux droits garantis par notre Constitution pour ce qui concerne nos libertés sexuelles. Nous exigeons que le Film and Publication Board revienne sur cette classification. »

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