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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Merci patron ! Un journaliste doit-il refuser de parler d'un film qui critique son employeur ?

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 21 Février 2016, 00:22am

Catégories : #merci patron !, #lvmh, #presse, #censure

Pour son premier documentaire, François Ruffin, rédacteur en chef du journal satirique Fakir, raconte l'histoire de Serge et Jocelyne Klur, deux anciens salariés de l'usine d'Ecce à Poix-du-Nord (Nord-Pas-de-Calais), une filiale du groupe LVMH, dirigé par Bernard Arnault, chargée de la confection des costumes Kenzo. En 2007, l'usine est délocalisée en Pologne où la main-d'œuvre est moins chère. Le couple se retrouve alors au chômage. Six ans plus tard, leur maison est sur le point d'être saisie et la famille vit dans la misère. Le site francetvinfo.fr nous explique ensuite que, « sur les conseils du journaliste, le couple Klur écrit une lettre à Bernard Arnault pour lui réclamer de l'argent destiné à rembourser leur dette et obtenir un emploi. Un émissaire du PDG de LVMH débarque alors dans la cuisine familiale où François Ruffin a posé sa caméra discrètement. "J'ai mission du président d'arranger les choses. Mais pour vous arranger, il ne faut pas faire de publicité. On fait profil bas, ordonne-t-il au couple. Dès demain, je fais émettre 26 000 euros chez l'huissier." Et il tient parole. Le couple a pu rembourser ses dettes et le groupe LVMH a trouvé un emploi à Serge dans un supermarché du coin ».

Le documentaire Merci patron ! qui doit sortir sur les écrans français le 24 février prochain dans 50 puis 200 salles, pourrait faire l'objet d'un référé pour en empêcher sa sortie. Par ailleurs, dans un entretien accordé le 20 février 2016 au site metronews.fr, François Ruffin dénonce la censure dont fait l'objet son documentaire de la part d'une partie de la presse française :

Metronews : Comment Europe 1 vous a justifié l'annulation de votre interview ?

J'ai été très surpris par la franchise de Frédéric Taddéï. C'est Sandrine Taddeï, qui gère la production de l'émission, qui nous a contactés pour nous dire que finalement nous ne pouvions pas être reçus. Selon la direction d'Europe 1, il manquait un contradicteur sur le plateau. Moi je n'ai aucun problème avec ça, au contraire ! Mais je trouve quand même ça étrange. Quand Bernard Arnault est élu personnalité de la semaine par Europe 1, il n'y a pas de contradiction...

Metronews : La direction de LVMH vous a-t-elle contacté directement pour parler du film ?

Non, jamais. Mais leur méthode est différente. L'exemple d'Europe 1 est clair. Plutôt que de chercher à censurer directement le film, ils détournent la censure. Aux projections presse, j'ai bien senti que le sujet dérangeait. Un journaliste du Parisien est venu me voir pour me dire qu'il adorait le film mais qu'il n'écrirait pas une ligne dessus. Pareil pour la journaliste des Échos qui a vu le film (les deux journaux sont détenus par le groupe LVMH, ndlr). Déjà à la production du film, le CNC (Centre national du cinéma) nous a refusé tous les financements. Et alors qu'on devait avoir un partenariat avec une association caritative, elle s'est retirée en raison de ses liens avec LVMH.

Le documentaire de 87 minutes a été classé pour tous publics le 1er février dernier.

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