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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


La Danseuse : autocensure sexiste ou liberté d'adaptation et de création ?

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 1 Octobre 2016, 11:45am

Catégories : #la danseuse, #censure, #cinéma, #lesbien, #sexe

Dans un article publié sur Mediapart le 15 septembre dernier, Aude Fonvieille dénonce la frilosité voire la lesbophobie du film La Danseuse (2016, Stéphanie di Gusto) présenté dans la catégorie Un certain regard au dernier Festival international du film de Cannes, qui raconte l'histoire de Loïe Fuller, icône de la Belle Époque, « admirée de l’avant-garde pour son audace et son inventivité [...]. L’audace de Loïe Fuller était aussi de vivre ouvertement son homosexualité, notamment auprès de Gabrielle Bloch, qui a été sa compagne pendant de longues années. », et de constater que « cette liberté et cette audace, Stéphanie di Giusto n’a pas hésité à les trahir, en falsifiant dans le film la vie intime de Loïe Fuller, en voulant à toute force la ramener dans le registre hétérosexuel. […] le film est bien un escamotage en règle de l’homosexualité de Loïe Fuller. Gabrielle, qui fût sa compagne, devient une fidèle collaboratrice, charge à l’actrice Mélanie Thierry de créer l’ambiguïté par un bref regard ou un vague soupir… sans que Loïe ne montre le moindre signe de réciprocité à l’égard de cet attachement sibyllin. Le personnage de Louis, inventé de toutes pièces [...] entretient avec Loïe une relation de protecteur/confident/complice érotique à l’occasion… il fallait bien quand même introduire une épaule masculine [...] pour ne pas trop faire film de femmes ».

Libre adaptation de la vie de Loïe Fuller ou autocensure ? Pour sa défense, la réalisatrice explique dans le dossier de presse : « J'ai [...] pris la liberté d'inventer le personnage de Louis Dorsay, qu'interprète Gaspard Ulliel. J'avais besoin d'une présence masculine dans ce film peuplé de femmes. Loïe Fuller était homosexuelle et il était important pour moi de ne pas en faire le sujet du film. », et d'ajouter lors de sa projection en avant-première à l'UGC de Lille le 15 septembre 2016 : « on peut être lesbienne et avoir envie d’expériences avec des hommes, [...] l’idée n’était pas de faire La Vie d’Adèle. »

Reprenons pour conclure, l'introduction d'Aude Fonvieille très engagée : « Contrecarrer les assignations à l’invisibilité, résister au dénigrement et à la négation de nos identités par les tenant-es zélé-es de la norme dominante hétérosexiste, c’est le sort commun aux Lesbiennes, Gays, Bi-es et Trans. Quelles que soient nos vies, nous partageons cette expérience : qu’à n’importe quel moment la domination hétéropatriarcale peut se rappeler à nous avec toute sa violence. »

Une colère vive qui n'est pas retombée comme on peut le voir ci-dessous sur des pancartes posées devant un cinéma lors d'une autre séance.

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