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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


TF1 diffuse une version censurée de Django Unchained

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 16 Janvier 2017, 15:53pm

Catégories : #censure, #cinéma, #télévision, #tf1, #django unchained

Fabien Randanne nous apprend ce matin dans 20minutes.fr que la version du film Django Unchained (2012, Quentin Tarantino) diffusée par TF1 le 15 janvier 2017 à 20 heures 30 a été censurée d’une minute et onze secondes, ce dont se sont offusqués certains téléspectateurs attentifs : « Sorti en 2013 en France, ce film qui réserve son lot de fusillades, d’énucléation et de bain de sang avait à l’époque été interdit aux moins de 12 ans. Sa violence est telle que TF1 l’a diffusé dimanche soir en présentant une version modifiée. » Contactée par le journaliste, la première chaîne de télévision s’est défendue d’avoir altéré l’œuvre du cinéaste : « C’est Sony [le distributeur] et Quentin Tarantino qui ont légèrement retravaillé deux scènes », celle durant laquelle un esclave est dévoré par des chiens, et celle de la fusillade dans la résidence de Candyland. Télérama ajoute à la liste la suppression de la scène du combat à mains nues.

Rappelons que le niveau de classification d'un film décidé par le ministre de la Culture pour sa projection en salles va conditionner l'heure de sa diffusion pour un passage à la télévision, car celle-ci sera fonction de sa classification dans l'une des cinq catégories définies par le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) : la catégorie I pour les programmes destinés à tous les publics ; la catégorie II pour les programmes susceptibles de heurter les mineurs de 10 ans, qui ne peuvent être diffusés dans les émissions destinées aux enfants ; la catégorie III pour les œuvres cinématographiques interdites aux -12 ans et les programmes qui recourent de façon répétée à la violence physique ou psychologique ou qui évoquent la sexualité adulte, ne peuvent être diffusés avant 22 heures ; la catégorie IV pour les œuvres cinématographiques interdites aux -16 ans, et les programmes à caractère érotique ou de grande violence susceptibles de nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral des mineurs de 16 ans, ne peuvent être programmés qu'entre 22h30 et 5 heures ; et enfin la catégorie V pour les œuvres cinématographiques interdites aux -18 ans, et les programmes pornographiques ou de très grande violence, réservés à un public adulte averti, qui peuvent nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs, ne peuvent être diffusées qu’entre minuit et 5 heures du matin par les chaînes accessibles par abonnement, dont celles de cinéma et de paiement à la séance dans la mesure où elles mettent en place un système de verrouillage permettant d’éviter que des mineurs y aient accès.

Classé en catégorie III, parce qu’interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles, Django Unchained ne pouvait donc être programmé qu’à partir de 22 heures. Toutefois, l’article 3 de la recommandation CSA du 7 juin 2005 (modifiée en 2012 et 2014) précise qu'à « titre exceptionnel, il peut être admis une diffusion après 20h30 de programmes de cette catégorie [... ] sauf les mardis, vendredis, samedis, veilles de jours fériés et pendant les périodes de vacances scolaires », ces diffusions exceptionnelles ne pouvant « excéder seize programmes par an, dont au maximum quatre œuvres cinématographiques interdites en salles aux mineurs de 12 ans ».

Dans ces conditions, TF1 pouvait donc parfaitement diffuser le film en version intégrale dès 20 heures 30 tout en respectant les règles posées par le CSA. Pourtant, l’explication des responsables de la chaîne est différente : « Après visionnage de cette version, nous avons pu le proposer à 20h55 avec le pictogramme "-12 ans" » sans risquer un éventuel rappel à l’ordre du CSA comme ce dernier l’a effectivement expliqué dans son rapport annuel en 2007 : « Le CSA veille à ce que la classification attribuée aux films lors de leur sortie en salles soit renforcée par les chaînes de télévision lors de la diffusion de l’œuvre à la télévision, lorsque cela est nécessaire, comme le prévoit l’article 2 de la recommandation du 7 juin 2005 sur la classification des programmes et la signalétique jeunesse. Cela se justifie par la nécessaire prise en compte du contexte de visionnage, différent au cinéma et à la télévision, et par la portée de chacune de ces mesures de classification. Dans le cas d’une projection en salles, le téléspectateur effectue la démarche de se rendre au cinéma, alors qu’une diffusion à la télévision accroît le risque d’exposition des mineurs à des programmes qui ne leur sont pas adaptés, ce qui peut justifier un éventuel renforcement de la classification. Par ailleurs, alors que le visa pris par le ministre de la Culture conditionne le droit d’accès des mineurs aux salles de projection et qu’il peut énoncer une interdiction d’accès, la signalétique apposée par les chaînes consiste simplement à déconseiller certains programmes et à adapter l’horaire de diffusion à leur contenu, mesure moins contraignante par ses effets et qui peut donc justifier une classification plus protectrice du jeune public. »

Ainsi, bien qu’ayant utilisé la possibilité de programmer un film interdit aux mineurs de 12 ans en prime time, TF1 a souhaité se prémunir de toute récrimination de l’instance de contrôle de la télévision en choisissant de diffuser une version censurée, en avertissant toutefois les téléspectateurs.

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