Un juge ordonne l'interdiction totale et la saisie du film El Inca au Vénézuela

Le quotidien El País du 25 décembre 2016 nous révèle que la Cour de protection des enfants et adolescents de Caracas a ordonné le 14 décembre dernier l'interdiction et la confiscation du film El Inca (2016, Ignacio Castillo Cottin) qui raconte la vie du boxeur vénézuélien Edwin « El Inca » Valero, champion du monde à deux reprises entre 2006 et 2010, après une plainte déposée par la mère du boxeur et deux de ses frères et sœurs, pour « atteinte à leur vie privée » au nom de la protection de l'enfance, la famille soutenant que les enfants de Valero ont été très affectés par le contenu du film. Des propos réfutés par la production : « Il s'agit d'une œuvre artistique basée sur une figure publique et des événements notoires. El Inca est une interprétation l'histoire de Valero. » Notons utilement que le boxeur s'est suicidé en prison à l'âge de 28 ans après avoir tué sa femme...

L'avocat des producteurs estime que l'interdiction de El Inca est politique, d'une part parce que le réalisateur est le fils d'un célèbre journaliste d'opposition exilé aux Etats-Unis et, d'autre part, parce que le film insiste sur les relations entre le boxeur et le président vénézuélien défunt Hugo Chávez, dont il avait tatoué le visage sur sa poitrine.

El Inca n'est pas le premier cas de censure dans l'industrie cinématographique du Venezuela. On se souvient de l'interdiction et de l'emprisonnement du réalisateur de Ledezma, el caso Mamera (1981, Luis Correa) qui osait mettre en scène l'histoire vraie du meurtre commis par un officier de police ou, plus récemment, la polémique et les actions en justice contre le film Secuestro Express (2005, Jonathan Jakubowicz) qui raconte l'histoire d'un soldat... homosexuel.

El Inca est toujours entre les mains de la justice, la production du film ayant fait appel.

Pour aller plus loin, l'article de notre confrère Albert Montagne : ICI.