Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


Après Wonder Woman, The Post et Jungle, Beirut est dans la ligne de mire des autorités libanaises

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 21 Janvier 2018, 11:38am

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #liban, #the post, #jungle, #beirut, #israel

Mis à jour le 22 janvier 2018.

 

En début de semaine, trois films dont The Post (Pentagon Papers, 2018), le dernier Spielberg, ont suscité une polémique au Liban sur fond de débat autour de la « normalisation » des relations avec Israël.

 

The Post, Jungle et Beirut

 

Rappelons que le 15 janvier 2018, des activistes anti-israéliens ont lancé un appel au boycott de The Post en raison des positions pro-israéliennes de son réalisateur qui, selon le site lepetitjournal.com, aurait affiché son soutien à Israël lors de l'offensive contre le Liban en 2006, sous la forme d'un don d'un million de dollars. Malgré l'avis défavorable de la Commission de contrôle des films, Nohad Machnouk, le ministre de l’intérieur, a décidé d'autoriser l'exploitation du film au Liban « car ce dernier se rapporte à des événements relatifs à la guerre du Vietnam dans les années soixante et ne concerne nullement le Liban ou le conflit avec l’ennemi israélien ». Une décision néanmoins contestée par Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah au Liban.

 

Le film australien Jungle (Greg McLean, 2017), qui raconte le périple tragique de l'aventurier israélien Yossi Ghinsberg, égaré dans la forêt amazonienne en Bolivie en 1981, a été retiré des salles après deux semaines d’exploitation.

 

Le film Beirut (Brad Anderson, 2018), qui relate l’histoire d'un diplomate américain qui revient au Liban en 1982 pour sauver un de ses amis kidnappé par un groupe islamiste, qui devrait sortir en salles le 13 avril 2018 - le jour anniversaire du début de la guerre civile au Liban en 1975 - fait déjà l'objet de vives critiques lui reprochant de donner une image négative du pays.

 

L'organisation de la censure cinématographique au Liban

 

Dans un article mis en ligne le 12 septembre 2017, Alienor de Chergé nous explique que la Commission de censure du Liban - qui dépend toujours de la direction de la Sûreté générale malgré la tentative de deux députés de la rattacher à la direction du Cinéma, du théâtre et des expositions affiliée au ministère de la Culture, en février 2016 - est chargée d'exercer « un contrôle préalable sur les films devant être projetés au sein de la République libanaise » conformément à la loi du 27 novembre 1947 relative au contrôle des films cinématographiques. La Commission se prononce, notamment, « dès qu'une production porte atteinte à la sécurité du pays, au pouvoir des autorités publiques, à la religion et aux bonnes mœurs ». Les liens apparents ou supposés avec Israël restent l’un des principaux motifs d'interdiction des films au Liban. Ainsi, sur la liste noire de la Commission figureraient toujours Le Dictateur de Charlie Chaplin, et même Rabbi Jacob de Gérard Oury, tous deux accusés de « favoriser la propagande juive ».

 

A côté de la structure de contrôle du cinéma organisée par l’État, notons que des activistes libanais ont créé le réseau de veille Campaign to Boycott Israel Supporters, une section libanaise du mouvement anti-juifs Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), qui appelle avec d'autres pays arabes, à exercer diverses pressions économiques, académiques, culturelles et politiques contre Israël. Le cinéma n'y échappe évidemment pas comme on a pu récemment le constater avec le boycott de Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017) au mois de mai dernier.

 

Appel à des sit-in devant les cinémas

 

Le Hezbollah a rejeté la décision du ministère de l’intérieur, rappelant que Steven Spielberg figure toujours sur la liste noire du Bureau central de boycottage de la Ligue arabe : « Que personne ne nous accuse de vouloir nous en prendre à l’art ou de fermer les cinémas. Mais certains, sous prétexte d’encourager l’art ou le cinéma, œuvrent à la normalisation avec Israël. » Dans la foulée, une campagne, intitulée #Il ne sera pas diffusé au Liban vient d'être lancée sur les réseaux sociaux pour mobiliser contre l'exploitation de The Post, en prélude à des manifestations devant les salles de cinéma qui ont choisi de projeter le film. Un premier sit-in est ainsi prévu le 23 janvier 2018 devant le syndicat des journalistes : « Il faut détruire les salles de cinéma qui diffusent un tel film et ceux qui défendent sa projection sont des collaborateurs et des traîtres qui ne valent pas un sou », écrit ainsi le journaliste Ali Hijazi, proche du Hezbollah.

 

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Mourad Ayache, membre du mouvement Les camps (de réfugiés) boycottent, qui œuvre en coordination avec la campagne internationale BDS, affirme que son mouvement se veut avant tout populaire : « Nous ne cherchons pas à interdire parce que cela relève de la compétence des autorités. Nous cherchons plutôt à persuader les gens de boycotter, à travers des campagnes de sensibilisation. [...] Cela n’empêche pas que nous souhaitons que l’État prenne une position vis-à-vis des artistes qui soutiennent Israël financièrement. »

Après Wonder Woman, The Post et Jungle, Beirut est dans la ligne de mire des autorités libanaises
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents