Annulation de la projection du documentaire religieux et homophobe Voices of the Silenced

Doit-on censurer la projection d'un film qui explique qu'il est possible de guérir de l'homosexualité ?

Mercredi 7 février 2018 à 19 heures, après que le site LGBT Pink News ait dénoncé publiquement l'initiative, le cinéma Vue - situé à Picadilly au centre de Londres - a annulé la projection privée du documentaire Voices of the Silenced: Experts, Evidences and Ideologies organisée par Core Issues Trust, un groupe chrétien évangélique qui explique vouloir aider les personnes qui éprouvent « une attirance non désirée envers les personnes de même sexe ». Le docteur Michael Davidson, le responsable du groupe religieux qui a financé le documentaire, affirme proposer une « thérapie de conversion » pour les homosexuels qui désirent s'en sortir, contestant vivement « le mythe selon lequel les gens naissent homosexuels ».

La thérapie de conversion qui considère l'homosexualité comme une maladie mentale, est illégale en Suisse, à Taïwan, dans deux provinces canadiennes, dans neuf États américains et dans l'État australien de Victoria. Malte est le premier pays de l'Union européenne à avoir interdit la thérapie de conversion en 2016. Malgré les demandes formulées par de nombreuses associations dont Humanists UK, la Grande-Bretagne a toujours refusé de l'interdire. Richy Thompson, le président de Humanists UK, explique : « La ''thérapie de conversion'' est en réalité une thérapie religieuse enracinée dans l'homophobie, pas la science. Le gouvernement a le devoir de mettre fin à ces pratiques néfastes une fois pour toutes. »

Voices of the Silenced, tourné pendant deux années dans huit pays différents, présente les témoignages d'hommes et de femmes « qui ont volontairement changé leur comportement homosexuel » grâce à la religion et qui sont empêchées d'en parler ». Il sera prochainement disponible en vidéo dans plusieurs langues dont le français.

Après l'annulation de la projection privée, Andrea Minichiello Williams, la présidente du Christian Legal Center, crie à la censure : « C'est fondamentalement un problème de liberté d'expression », et d'ajouter : « Comme d'habitude, une minorité de militants homosexuels utilisent les menaces et l'intimidation. Ils ne peuvent pas tolérer la vérité, car il existe des hommes et des femmes qui ne souhaitent pas rester homosexuels et qui demandent de l'aide. »