The Last Wish, The Eight Hundred, Better Days, The Hidden Sword : doucement mais sûrement, la Chine censure son cinéma durant l'été 2019

Zhifan Liu nous révèle que durant l’été 2019, au moins quatre films chinois, dont deux produits par les studios Huayi Brothers, ont été censurés par les autorités. La comédie The Great Wish, qui raconte le souhait d’un adolescent en phase terminale de perdre sa virginité, a ainsi dû être rebaptisée The Last Wish (Tian Yusheng, 2019), le qualificatif « grand/great » étant réservé « aux seuls leaders du pays et aux thèmes importants émanant de l’État », si l’on en croît le magazine Variety.

The Eight Hundred (Guan Hu, 2019), qui évoque le combat d’une poignée de soldats chinois contre l’envahisseur nippon lors de la seconde guerre sino-japonaise de 1937 à 1945, a été retiré de la programmation officielle du festival international de Shanghai à la fin du mois de juin 2019, et sa sortie en salles annulée, parce qu’à l’issue du conflit certains soldats nationalistes dont parle le film, ont trouvé refuge à Taïwan qui a déclaré son indépendance en 1949, en pleine guerre civile, alors que les communistes victorieux instauraient la République Populaire de Chine « dont Pékin s’apprête à fêter avec faste les 70 ans, le 1er octobre. Impensable, donc, pour le pouvoir de célébrer l’ennemi nationaliste à quelques semaines de cette date anniversaire ». Le 7 août 2019, les vives tensions constatées entre la Chine et Taïwan à quelques semaines des célébrations nationales, ont conduit Beijing à interdire au film et aux acteurs chinois de participer à la 56^e édition des Golden Horse Awards organisée chaque année à Taipei.

La sortie de Better Days (Derek Tsang, 2019), initialement programmée le 27 juin 2019, a été reportée trois jours seulement avant sa diffusion, officiellement pour « des raisons techniques ». Adapté du roman Young and Beautiful, le film raconte l'histoire d'une jeune fille harcelée à l'école qui se retrouve entraînée dans un meurtre. On se souvient que Better Days avait déjà été retiré de la sélection officielle du 69e Festival international du film de Berlin organisé du 7 au 17 février 2019, officiellement faute d'être prêt à temps pour y participer. En réalité, le sujet des jeunes, de la criminalité et la description du système éducatif chinois demeurent des sujets particulièrement surveillés par les autorités de régulation. Quelques jours plus tard, One Second (Zhang Yimou, 2019), qui se déroule pendant la Révolution culturelle, avait également été retiré de la compétition berlinoise, officiellement pour « des difficultés techniques » rencontrées au moment de la post-production.

En revanche, si la projection de Summer of Changsha a été maintenue durant le dernier festival international du film de Cannes, toute l'équipe du film a dû se conformer aux directives gouvernementales, en s’abstenant d'assister à toute manifestation ou promotion publique durant la manifestation.

Notons que The Hidden Sword (Xu Haofeng, 2017), qui devait enfin sortir dans les salles chinoises le 19 juillet 2019 après avoir reçu le Prix de la meilleure contribution artistique au 41e Festival des films du monde à Montréal en 2017 et qui raconte l'histoire d'un officier chinois luttant avec ses soldats à l’aide d’épées contre une attaque japonaise menée sur la Grande Muraille, a finalement été déprogrammé quelques jours seulement avant une projection très attendue, officiellement pour « des raisons liées au marché ».

Une sévérité croissante que l’on observe depuis mars 2018, date de l’implication du bureau de la propagande du Parti communiste chinois dans le processus d’attribution des visas d’exploitation.