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CENSURE & CINEMA

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Collection Darkness, censure et cinéma


Le BBFC publie son rapport d'activité pour 2019. En France, on attend toujours celui de la Commission de classification pour 2016-2018...

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 18 Juillet 2020, 11:35am

Catégories : #censure, #interdiction, #BBFC, #rapport, #2019

Précis comme une horloge suisse, le rapport annuel d’activité du British Board of Film Classification (BBFC) pour 2019 vient d’être mis en ligne. Que peut-on y apprendre sur les 1103 films classés au Royaume-Uni l’année dernière ?

 

Patrick Swaffer, son président, nous rappelle d’abord que le Bureau britannique a mis en œuvre les nouvelles normes de classification (Classification Guideline) le 28 février 2019. Ainsi, jusque là interdits aux moins de 12 ans, les films contenant des scènes de violences sexuelles « brèves et implicites », sont désormais interdits aux moins de 15 ans. De la même manière, ceux contenant des scènes de violences sexuelles plus explicites, de viols par exemple, sont systématiquement interdits aux moins de 18 ans. Des décisions consécutives à l'exploitation d'un sondage mené auprès de 10 000 parents, majoritairement choqués par le niveau d'interdiction jugé parfois insuffisant attribué à certains films. Une très large consultation lancée en 2018, qui a servi à modifier les critères de classification des films.

 

Malgré tout, le BBFC a reçu 149 réclamations de spectateurs concernant 70 films. Parmi elles, retenons que l’interdiction aux moins de 15 ans de Joker a été jugée nettement insuffisante, tout comme celles de The Favourite, John Wick: Chapter 3 - Parabellum ou encore Alita: Battle Angel.

 

L’année passée, 59 films ont été interdits aux moins de 18 ans dont Once Upon a Time... in Hollywood, Rambo: Last Blood, Midsommar, For Sama, Loro, Beats ou Lords of Chaos. On apprend aussi que Midnight Cowboy, classé X en 1969 puis interdit aux moins de 18 ans pour son exploitation en VHS dans les années 1980, reste toujours interdit aux mineurs en 2019 pour la sortie d’une édition spéciale mise en vente à l'occasion de son 50e anniversaire.

 

Toujours en 2019, 116 films exploités en vidéo ont été classés pornographiques (R18) dont 21 après coupures pour des scènes jugées violentes et/ou contraires à la loi - « to remove abusive and potentially harmful activity, including choking and gagging during deep-throat fellatio and instances of performers restricting oxygen during sexual activity. We also required cuts to remove abusive scenarios encouraging an interest in underage sex ». Soit une baisse de 52 % par rapport à l’année précédente. Notons que dans son rapport, le BBFC indique aussi qu’il a assoupli certains critères de manière à tolérer certains usages sexuels s’ils sont réalisés sans contrainte ni violence.

 

Rappelons en effet que le Crown Prosecution Service (CPS) - un peu l'équivalent britannique du ministère public en France - a lancé une vaste consultation le 25 juillet 2018 afin de modifier le guide des poursuites engagées sur la base de l'Obscene Publications Act de 1959 qui, notamment, sanctionne les pratiques jugées contraires à la décence, lesquelles peuvent parfois influencer les décisions (d'interdiction ou de modification) relatives à l'exploitation des œuvres cinématographiques en Grande-Bretagne. Parmi les questions posées, le point 16 de la question 2 interrogeait sur le fait de savoir s'il est toujours opportun de poursuivre certaines pratiques sexuelles telles que le fisting, l'urophilie, la scatophilie, l'émétophilie, la torture, l'humiliation, le bondage, l'introduction d'objet dans l'urètre ou encore toute autre activité sexuelle non interdite par la loi si elles sont consensuelles, si elles n'occasionnent pas de lésions graves, si elles sont réservées aux personnes majeures, et si elles ne sont pas en lien avec une organisation criminelle…

 

Derrière ce sondage étonnant, il convient de ne pas oublier qu'au mois de juin 2011, le BBFC avait refusé de classer le film The Bunny Game, l'interdisant de facto d'exploitation totale, en expliquant que la description des violences sexuelles subies par une jeune prostituée kidnappée et humiliée dans un semi-remorque enfreignait la loi, ajoutant même que la nudité tendait à érotiser la violence et que « l’esthétique du film pourrait encourager certains spectateurs à partager le plaisir que prend l’homme dans l’humiliation de la femme ». La loi de 1959 et celle de 1984, toujours en vigueur, imposent au BBFC de veiller à ce qu'une œuvre de cinéma ne puisse pas provoquer un préjudice quelconque aux spectateurs ou à la société, notamment en encourageant « une vision déshumanisée des autres, l'insensibilité envers les victimes » et le « plaisir dans la douleur et l'humiliation d'autrui ».

 

Côté français, on attend toujours la publication du rapport d’activité de la commission de classification des œuvres cinématographiques pour la période 2016-2018... Le centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) nous promet une publication dans le courant de l’été. On est très impatient de la découvrir, d’autant plus que votre serviteur y a apporté sa modeste contribution.

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