Mignonnes : le sénateur Ted Cruz demande l’ouverture d’une enquête fédérale contre Netflix pour distribution de matériel pédopornographique

La controverse n’en finit pas d’enfler aux États-Unis.

On apprend que le sénateur Ted Cruz - que le président Donald Trump a désigné cette semaine comme l'un des candidats possibles à la Cour suprême - a écrit le 11 septembre 2020 au ministère de la Justice (Department of Justice) pour demander officiellement l’ouverture d’une enquête fédérale afin de savoir si Netflix a violé la loi fédérale contre la production et la distribution de pornographie juvénile en proposant Mignonnes (Maïmouna Doucouré, 2020) - rebaptisé Cuties - lequel, selon lui, fétichise et sexualise les jeunes filles et pourrait encourager à la pédophilie (« fetishizes and sexualizes young girls and could encourage pedophilia »). Une demande confortée par deux plaintes déposées par les sénateurs républicains Tom Cotton et Jim Banks.

Rappelons que la polémique est née outre-Atlantique à la fin du mois d’août dernier, l’affiche promotionnelle du film choisie par Netflix montrant quatre jeunes filles dans des positions très suggestives. Une mise en scène et une sexualisation des enfants jugée inacceptables par certains internautes qui ont immédiatement mis en ligne une pétition demandant à Netflix de retirer le film de son catalogue. La pétition a déjà rassemblé plus d’un demi-million de signataires au 13 septembre 2020.

Même si Netflix a très vite présenté ses excuses à Maïmouna Doucouré puis retiré le visuel publicitaire racoleur, la plateforme a proposé le film à ses abonnés américains, comme prévu, à compter du 9 septembre 2020. Une sortie qui a déclenché une réaction immédiate avec le hashtag #CancelNetflix.

Dans sa lettre, Ted Cruz explique que le film risque d’encourager les pédophiles du monde entier (« It is likely that the filming of this movie created even more explicit and abusive scenes, and that pedophiles across the world in the future will manipulate and imitate this film in abusive ways »), un argument déjà employé en France par le collectif Stop au Porno qui a mis en ligne sa propre pétition pour demander le retrait d'un film qui, pourtant, n’a pas été proposé par Netflix à ses abonnés français (Mignonnes étant toujours projeté en salles). La pétition a cependant déjà recueilli plus de 240 000 signatures au 23 septembre.

Plus d’un mois après le début de la polémique, La Société des réalisateurs de films (SRF) exprime « son soutien à Maïmouna Doucouré [...] sous le feu des critiques de la droite radicale aux États-Unis après la mise en ligne de son film sur Netflix. Interdire à un film de représenter ce qu'il dénonce, c'est une censure, insupportable. » Quelques jours plus tard, une vingtaine de réalisateurs internationaux font part de leur indignation dans une tribune, transmise à l’AFP et relayée par la commission cinéma de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Parmi les signataires, Bertrand Tavernier, Lucas Belvaux, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Joe Dante, Volker Schlöndorff ou encore Cristian Mungiu^.