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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


En demandant à la Commission de réexaminer Love, Fleur Pellerin sort-elle de son rôle ?

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 30 Juin 2015, 13:21pm

Catégories : #love, #interdiction, #censure, #wild bunch, #pellerin, #ldh

Souhaitant interdire la projection de Love à tous les mineurs, Fleur Pellerin a demandé un nouvel avis à la Commission de classification comme l'y oblige l'article R.211-9 du Code du cinéma et de l'image animée en pareil cas, la proposition initiale d'interdiction aux moins de 16 ans avec avertissement formulée par l'assemblée plénière ne lui convenant pas. Cette décision conforme aux textes - la ministre n'étant pas tenue de suivre l'avis, même obligatoire, de la Commission -, prise quelques jours avant une sortie programmée le 15 juillet prochain, agite une partie du monde artistique et de la presse pour le plus grand plaisir de Wild Bunch, son distributeur, qui alimente généreusement la controverse depuis la présentation du film au dernier Festival de Cannes. Une technique éprouvée par Vincent Maraval habitué aux coups médiatiques depuis la polémique ayant précédé la sortie de Martyrs en 2009. Bref, l'affaire est dénoncée par une partie de l'industrie du cinéma jusqu'à l'Observatoire de la liberté de création dans un communiqué publié le 29 juin condamnant une « ingérence politique intolérable ». Des mots qui dissimulent le fait qu'en France, une œuvre cinématographique ne peut être exploitée en salles sans un visa délivré par le ministre de la Culture lequel appartient à un gouvernement donc à une formation politique. Autrement dit, à chaque fois qu'un ministre de la Culture accorde un visa à un film, c'est-à-dire plus de 900 fois par an, le pouvoir exécutif s’immisce de fait dans la sphère artistique puisque la loi lui impose de délivrer une autorisation d'exploitation. La vraie question consiste donc à s'interroger sur la pertinence du dispositif actuel d'attribution des visas, le cinéma étant en France le dernier moyen d'expression encore soumis à l'autorisation préalable du gouvernement avant toute représentation publique.

Toujours dans son communiqué, l'Observatoire explique aussi que les tribunaux et la Commission cèdent progressivement aux valeurs morales défendues par des associations telle Promouvoir. Une affirmation peu convaincante car en réalité, si la multiplication des recours en justice conduit le juge à s'exprimer plus souvent qu'il ne le faisait auparavant, il n'a jamais changé de position depuis 2000 et la jurisprudence Baise-moi construite sur le fondement de l'article 227-24 du Code pénal sanctionnant tout « message à caractère violent [...], pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine [...] lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur ». Depuis cette date, les tribunaux administratifs rappellent régulièrement au ministre les règles de la classification des films susceptibles d'être interdits aux mineurs en examinant scrupuleusement mais aussi subjectivement, si les scènes de très grande violence ou de sexe non simulées qu'ils contiennent, mentionnées dans les avis de la Commission, correspondent au niveau d'interdiction et à la motivation décidés par le ministre. C'est ce qu'a fait le Conseil d’État en mai dernier en annulant le visa d'exploitation de Saw 3D : chapitre final.

Dans ces conditions, nul doute que le juge sera amené à se prononcer sur le niveau d'interdiction du film Love, quelle que soit la décision finale de Fleur Pellerin, car on peut manifestement compter sur Promouvoir pour exiger un classement X si le film est interdit aux moins de 18 ans, ou un classement aux moins de 18 ans si le film est interdit aux mineurs de 16 ans.

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