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CENSURE & CINEMA

CENSURE & CINEMA

Collection Darkness, censure et cinéma


La Chine interdit les contenus anormaux sur les plateformes de diffusion de vidéos en ligne

Publié par darkness-fanzine.over-blog.com sur 2 Juillet 2017, 08:21am

Catégories : #censure, #cinéma, #interdiction, #chine, #homosexualité, #sexe, #VOD

Selon l'Agence France Presse, les autorités chinoises ont publié le 1er juillet 2017, une nouvelle règlementation qui interdit aux plateformes de diffusion de vidéos en ligne de proposer des programmes qui ne sont pas conformes « aux critères politiques et esthétiques » définis par le gouvernement chinois, dont ceux présentant relations sexuelles jugées « anormales ». Parmi les œuvres concernées par la nouvelle règlementation confiée à l'association chinoise des services Internet (CNSA) figurent celles qui « montrent des actes ou des relations homosexuelles ». La loi impose aussi le retrait ou des coupures des films ou des scènes qui « portent atteinte à l'image nationale, à celle des dirigeants révolutionnaires, qui mettent en scène les conquêtes militaires des anciens empereurs ou répandent l'extrémisme religieux » sous peine d'enquête de police et de fortes amendes. Les contenus violents et pornographiques, ceux mettant en scène des relations extraconjugales, la prostitution, l'addiction à la drogue ou des superstitions comme « l'évocation des esprits » sont également proscrits.

 

Dans un article proposé dans Cinémag Fantastique n° 8 en avril 2016, nous exposions aussi la problématique des films proposant des voyages dans le temps :

 

Les voyages à travers le temps font rêver les spectateurs du monde entier, même en Chine où le retour vers le passé a une véritable préférence. Bien plus que le cinéma, la télévision chinoise l'a très vite compris. En janvier 2011, surfant sur le concept, Hunan TV, une petite chaîne de télé régionale, s'est ainsi imposée à l’échelle nationale en produisant la série Palace racontant l'histoire d'une femme conquise par une peinture de la dynastie Qing et qui, grâce à un voyage dans le temps, va rencontrer et tomber amoureuse de plusieurs princes. A l’image de ce programme atteignant près de 30 % de parts de marché à chaque diffusion, de très nombreuses fictions projettent désormais un personnage dans la Chine ancienne où il trouve toujours l'amour et le bonheur. Confrontées à la multiplication des séries mêlant histoire et fiction, les autorités chinoises ont fini par y déceler un manque manifeste de respect dû à l'histoire du pays. Le 31 juillet 2011, une directive de la State Administration of Radio, Film, and Television, un peu l'équivalent du British Board of Film Classification au Royaume-Uni, est donc rapidement venue encadrer la réalisation de telles fictions qui, selon elle, « composent négligemment des mythes, ont des intrigues monstrueuses et bizarres, et promeuvent le féodalisme, la superstition, le fatalisme et la réincarnation », rappelant aux producteurs et aux auteurs de ne plus traiter le passé de la Chine « avec légèreté ». Une censure officiellement destinée à préserver un héritage culturel malmené mais qui, en réalité, traduit l'inquiétude du gouvernement face à la prolifération de téléfilms présentant des personnages ne pouvant trouver le bonheur que dans le passé, autrement dit malheureux dans la société actuelle. Une nostalgie subversive perçue comme le moyen dissimulé de critiquer et de fuir la Chine communiste dont l'idéologie, rappelons-le, s'est en partie bâtie sur le rejet des inégalités de la société impériale précédant la Révolution chinoise. Parce qu'il est un peu trop populaire, le voyage dans le temps est devenu un moyen de lutte politique qu'il faut contenir par tous les moyens, y compris scientifiques. Dès lors, comme par hasard, une étude de l'université de science et de technologie de Hong-Kong, également publiée au mois de juillet 2011, a démontré qu'un photon ne pouvant voyager plus vite que la lumière et ce quel que soit son environnement, l'idée même de voyage dans le temps était de ce fait une absurdité. Un argument supplémentaire pour moquer l'imagination des scénaristes, les invitant à travailler sur des thématiques plus sérieuses. Si la télévision a donc été sévèrement rappelée à l'ordre à l'occasion du 90ème anniversaire du Parti communiste chinois, le cinéma est finalement resté à l'écart tant la thématique du voyage dans le temps y est assez peu représentée. Les derniers films chinois abordant le sujet sont The Iceman Cometh (Clarence Yiu-leung Fok, 1989), un remake plutôt bas de gamme de Highlander (Russell Mulcahy, 1986), ou encore Iceman (Wing-cheong Law, 2014) remake du remake tout aussi peu réussi, faisant évoluer un garde impérial de la Dynastie Ming qui, accusé à tort de meurtre et poursuivi par ses anciens compagnons, se retrouve congelé avec eux par accident. Ils se réveillent tous, quatre siècles plus tard, dans un monde moderne où ils vont pouvoir poursuivre leur combat. Citons également Le Guerrier de Jade (Antti-Jussi Annila, 2006), un film sino-finlandais racontant l'histoire d'un artisan forgeron travaillant au milieu des marais en Finlande lequel, en plein chagrin d'amour, découvre une étrange boîte métallique aux pouvoirs occultes. Réincarné en guerrier dans la Chine ancienne, il réalise alors un voyage épique et combat des démons pour reconquérir la femme qu'il aime. Dans tous les cas, les héros vont heureusement trouver le moyen de retourner vivre dans leur époque, au grand soulagement des autorités.

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