Supernova autocensuré par le distributeur russe pour échapper à la loi contre l’homosexualité

On apprend que Supernova (Harry Macqueen, 2021), qui raconte l’histoire d’un couple d’hommes (Stanley Tucci et Colin Firth) dont l’un souffre de démence, a été autocensuré par le distributeur du film britannique en Russie – pourtant déjà interdit aux moins de 18 ans –, pour éviter que les cinémas ne refusent de le projeter. Au moins une « scène litigieuse » aurait été supprimée par World Pictures, selon le Moscow Times, pour se conformer à la législation qui, en Russie, interdit toute forme de « propagande homosexuelle » pour protéger les mineurs. Un argument qui a déjà conduit à des mesures similaires dans de nombreux films tels Rocketman ou encore Avengers: Endgame.

Rappelons que l'homosexualité était considérée comme un crime en Russie jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999. Aujourd’hui, le décret du 27 février 2016, qui modifie les règles de 1993 jusqu'alors en vigueur, rend obligatoire l'attribution d'un visa d'exploitation d'un film par le ministère de la Culture avant toute exploitation en salles ou sur tout autre support. Le visa délivré doit mentionner le niveau de restriction éventuellement décidé (-6 ans, -12 ans, -16 ans et -18 ans) conformément à la loi fédérale relative à la protection des mineurs contre les informations préjudiciables à leur santé et à leur épanouissement (la loi du 21 décembre 2010 définit sept catégories d'interdictions aux mineurs allant de la pornographie aux écarts de langage, en passant par les atteintes aux valeurs familiales). Le visa peut également être refusé si le film contient des éléments enfreignant les lois sur le terrorisme et l’extrémisme, s'il fait l'éloge de la drogue, de la pornographie, de la violence, de la cruauté, ou s'il contient des messages subliminaux, ou des jurons.