La Ligue contre le cancer dénonce les nombreuses scènes de tabagisme dans les films français

On apprend que dans une enquête portant sur plus de 150 films, la Ligue contre le cancer déplore la surexposition du tabac sur les écrans français, et fustige les manœuvres « insidieuses » de lobbies du tabac.

« Le tabac demeure quasi omniprésent dans les films français. Entre 2015 et 2019, 90,7 % comprennent au moins un événement, un objet ou un discours en rapport avec le tabac : personnes en train de fumer, présence de cendriers, cigarettes, personnage qui parle de tabac… », note la Ligue qui publie la troisième édition de son enquête menée depuis seize ans avec l'institut Ipsos, assortie cette fois d'un sondage auprès de jeunes adultes.

Dans un film, la présence du tabac (2,6 minutes en moyenne) équivaut à « six spots publicitaires ». La Ligue constate aussi « une forte augmentation du taux de fumeurs à l'intérieur des lieux de convivialité (cafés, restaurants...) » dans les films, une pratique désormais illégale dans la vie réelle. Ainsi, 21,5 % des scènes de tabagisme se situent dans un lieu de travail, au bureau, 16,6 % dans un café, restaurant ou discothèque.

Selon la Ligue, « cette surreprésentation du tabac dans les films est d'autant plus préoccupante que, depuis le 1er confinement en mars 2020, 66 % des 18-24 ans indiquent passer plus de temps devant des films ou séries, quel que soit le support (TV, ordinateur, tablette, smartphone…) ».

Dans un communiqué, le professeur Axel Kahn, président de la Ligue, « dénonce avec acharnement la valorisation du tabagisme dans les films français depuis plus de 15 ans, [...] les campagnes aussi agressives qu'insidieuses auprès des plus jeunes ».

Sans appeler ouvertement à l’interdiction de telles scènes, il précise cependant : « Il faut continuer à dénoncer les puissants lobbies du tabac qui n'hésitent pas à apporter des financements pour voir leurs produits apparaître à l'écran, de façon plus ou moins directe ».

Ce n’est pas la première fois que le tabac au cinéma est stigmatisé.

On se souvient qu’en février 2015, la député socialiste Michèle Delaunay avait saisi Marisol Touraine, alors ministre des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes, pour dénoncer « les contournements réguliers » de la loi Évin et de la convention cadre de lutte anti-tabac par l'industrie cinématographique, rappelant pour l'occasion les termes de l'article 3511-3 du Code de la santé publique interdisant « la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac, des produits du tabac ».

Un an plus tard, ce fut au tour de l'organisation mondiale de la santé (OMS) de montrer du doigt l’industrie de la cigarette dans un rapport intitulé Smoke-Free Movies. Après avoir mené une étude relative à la représentation cinématographique du tabac à travers le monde et constaté la banalisation des séquences montrant tabac, cigarettes et fumeurs, l'OMS avait estimé que l'interdiction aux mineurs des longs-métrages comportant des scènes de tabagisme et l'absence de subventions publiques pour de telles œuvres, seraient de nature à inciter l'industrie du cinéma à limiter la présence de cigarettes à l'écran et leur publicité associée, en contrant de ce fait le financement de certaines apparitions orchestrées par de puissants lobbys.